Témoignage de Ronan
Je travaille dans une grande banque dans un métier en lien avec la fiscalité.
En 2019, mon activité a été temporairement moins importante, et je me suis senti sans épanouissement.
C’est à ce moment que petit à petit, j’ai cherché à combler un vide.
Les réseaux sociaux m’ont donné toutes les informations (in)utiles pour plonger
Petit à petit, j’ai commencé à surfer sur les réseaux sociaux, à regarder des vidéos sur Youtube, à lire des articles de pseudo diététiciens influenceurs sur Instagram, et j’ai facilement trouvé tout un tas d’info pour contrôler mon alimentation ou augmenter mes performances sportives. Je suis très vite tombé dans une spirale infernale.
J’ai commencé à bannir les lipides et à calculer toutes mes calories (sans accompagnement et sans connaissances réelles) en pensant que cela allait améliorer mes performances alors que j’étais en train de me détruire à petit feu.
Je suis rentré dans une certaine routine ou je m’entraînais le matin et le soir (principalement en course à pied) et à bannir de plus en plus d’aliments, à contrôler chaque produit que j’achetais en portant une attention particulière sur les calories et les lipides. J’ai même commencé à mettre en place une liste de produits « autorisés » et « interdits ».
En me blessant, je me suis sauvé
En décembre 2019, je me suis fais une déchirure au psoas et j’ai dû être immobilisé pendant 1 mois.
Lors des consultations auprès de mon médecin traitant et médecin du travail, ces derniers m’ont alerté sur mon poids qui était beaucoup trop bas.
Ma vie était devenue un enfer, ma vie sociale était proche du néant (je refusais de sortir avec mes amis par peur de manger à l’extérieur des aliments « interdits »), je faisais des crises pendant mes courses, il m’arrivait aussi d’hésiter entre plusieurs produits pendant de très longues minutes et de repartir les mains vides…
J’ai décidé de me faire aider
En janvier 2020, j’ai intégré le Centre Barbara (Centre d’addiction au sein du CHU de Nantes).
Lors de ma première séance, j’ai été en contact avec d’autres personnes qui souffraient d’anorexie sévère.
Cette séance reste très symbolique dans mon parcours. Lorsque nous attendions dans la salle d’attente, plusieurs patientes en souffrance se sont rendues aux toilettes pour ne garder leur repas. Ce fut un choc.
Par ailleurs, le premier rendez-vous disponible pour un suivi nutritionnel ne pouvait pas se faire avant 2 ou 3 mois.
J’ai alors eu le déclic. J’ai voulu me sauver, me soigner, et j’ai réalisé que j’étais la seule personne capable de mettre en place un plan d’action pour m’en sortir.
J’ai commencé par me fixer un planning incluant exercice physique et prises alimentaires.
J’ai entamé un suivi avec une prof de sport et je me suis imposé des petits challenges alimentaires en réintroduisant des aliments « interdits » au quotidien.
J’ai repris du poids, très lentement, mais j’ai surtout retrouvé une vie sociale ainsi que du plaisir au niveau alimentaire.
J’ai connu quelques épisodes de boulimies et je pense surtout que mon corps réclamait ce que je lui avais interdit.
Depuis j’ai une alimentation flexible où le plaisir est le plus important.
J’ai réussi à m’en sortir complément, je ne contrôle plus mon alimentation et j’ai réussi à ré-intégrer tous les aliments que j’avais mis dans la catégorie « aliments interdits ».
Mon conseil à la feeleatfamily
Croyez en vous, fixez-vous des petits objectifs au quotidien (ajout d’un aliment, mangez un petit bout de viennoiserie ou de gâteau avec un proche,…).
Soyez entouré(e) de professionnels, décrochez des réseaux sociaux et faites attention aux influenceurs sans diplôme qui vont vous vendre des solutions miracles.
Quand j’entends des personnes dire que c’est normal de manger 1200kcal/jour ou que les glucides le soir font grossir ou que les lipides sont néfastes cela me révolte car c’est à cause de personnes comme ça que l’anorexie prend de plus en plus de place dans notre société.
Merci pour ce témoignage, je suis tombé dans le même cercle avec une hyperactivité et je suis aujourd’hui hospitalisé de jour à Barbara également après une hospitalisation au CHU de Nantes à « Salomé ».
J’aime beaucoup la dernière phrase sur les « nutritionnistes » ceux qui s’inventent et qui me (nous) font souffrir.