J’ai longtemps pensé que la souffrance que je ressentais ne pouvait irradier au-delà de moi-même.

C’en était oublier les proches. Quel regard une mère, un père, un frère ou encore une sœur peut-il avoir ?

J’ai réalisé au cours de ma guérison qu’eux aussi souffraient.
Comme si cette bulle de souffrance éclatait petit à petit et me faisait voir la triste réalité.

J’ai réalisé à quel point il peut être dur pour une mère de regarder sa fille se laisser mourir.
J’ai réalisé à quel point mes proches ont pu souffrir, différemment, mais autant que moi.

Lorsque j’ai pris conscience de cette réalité, que cela s’est imposé à moi, j’ai fondu en larmes, ma peine était encore plus grande que celle que j’avais ressentie lors de la maladie.

Car en me faisant du mal à moi je n’aurais jamais pensé en faire aux autres. C’est MOI que j’ai voulu punir, haïr, détesté, renié mais certainement pas ma famille à qui je tiens tant.

J’ai très vite compris qu’ils me pardonnaient, tous. La joie de me voir reprendre vie, rire à nouveau, manger à nouveau, ne plus pleurer tous les jours, leur a suffi à sourire eux aussi à nouveau, à avoir moins peur du lendemain qui n’était jamais certain.

Il ne restait donc qu’une personne à pardonner : moi-même.
Mais comment m’accorder ce pardon ? Comment me pardonner de m’être tant détestée ?

Dans tout mon parcours, ce que j’ai compris, c’est que pour réussir à se pardonner, il faut d’abord comprendre la maladie, comprendre qu’on a le droit de souffrir, comprendre que rien a été mis en place de façon volontaire.
Je ne suis pas responsable de mes douleurs.

Et puis pour terminer, j’ai voulu demander pardon à mon corps.

Je pourrais presque lui dire : « Je me pardonne, et toi le peux-tu ? Peux-tu me pardonner de tout ce mal que je t’ai infligé ? Cette hyperactivité omniprésente, celle qui t’a tant fatigué ? »

Je sais aujourd’hui qu’il ne me pardonne pas encore à 100%, il me le fait encore payer, à sa manière. Il me fait encore vagabonder de rendez-vous en rendez-vous, d’endocrinologue au cardiologue.

Mais je sais désormais qu’avec le temps et petit à petit, je gagnerais à nouveau sa confiance.

Et son pardon, sera alors, le point final.

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