Dans un précédent article, j’évoquais ma relation excessive au sport lors de mon anorexie et comment j’ai pu la surmonter de façon radicale.

Après l’avoir lu, vous pensez peut-être que « cela ne me concerne pas, je ne pratique pas d’activité physique de façon intensive ». Attendez deux minutes, ce qui suit va certainement vous intéresser.

Pour moi, les troubles alimentaires paraissaient une lutte sans fin. Une fois que j’avais réussi à gravir une montagne, une autre apparaissait plus pentue, avec des chemins encore plus escarpés.

Arrêter complètement le sport était une chose. Me débarrasser de ces petits mouvements compulsifs en était une autre :

  • je pouvais me rendre compte que ce sport pratiqué à outrance était aberrant.
  • je pouvais constater les dommages que cela avait causés à mon corps.
  • je pouvais voir que cela était un frein énorme à ma prise de poids nécessaire et donc à ma guérison.

Mais je ne pouvais pas dire la même chose de ces trajets constamment rallongés que je m’imposais pour aller en cours ni de ces promenades que je me forçais à effectuer à un rythme très soutenu.
Je ne trouvais pas d’arguments contre le fait de poursuivre ces « activités ». Elles n’étaient pas dangereuses pour ma santé comme a pu être le sport, non ?

En fait, c’était pire. Les troubles restaient toujours là, tapis dans un coin de ma tête. Je n’arrivais pas à me détacher de ce besoin irrésistible, irrationnel et compulsif de m’agiter.

Peut-être vous reconnaissez-vous dans ces trois exemples de « mouvements parasites » et dont j’ai eu le plus de mal à me débarrasser:

  • la marche : Je ne me rendais pas au magasin juste en bas de chez moi, mais à celui qui se situait plus loin dans la rue qui était pentue…pour dépenser davantage de calories. Avec le temps, ce chemin vers ce magasin a été rallongé, effectué plusieurs fois…si une personne souhaitait gentiment m’accompagner, je refusais systématiquement. J’insistais pour y aller seule, car je savais qu’elle allait me demander pourquoi nous ne prenions pas le trajet le plus direct. Cela allait m’agacer. C’est une des raisons pour lesquelles la maladie isole en dehors de l’alimentation.
  • le ménage : passer l’aspirateur, astiquer la cuisine, réorganiser le réfrigérateur… Quand il pleuvait et je ne pouvais pas sortir, je me trouvais un tas de choses à faire à la maison…comme par hasard. Il y avait des escaliers en plus. Je m’arrangeais pour mettre les produits d’entretien en bas lorsque je nettoyais une pièce en haut de façon à effectuer des allers-retours à chaque fois que j’avais besoin d’un détergent ou autre. Maintenant, cela me fatigue rien que d’y penser !
  • se tenir sans cesse debout : ce n’est pas à proprement parler « bouger », mais je considère cela quand même comme un mouvement compulsif. Je ne vous raconte pas les voyages en voiture ou en avion à rester des heures assises. Cela m’était insupportable!

De plus, comme je m’interdisais de m’asseoir, je ne pouvais pas avoir de vie sociale. Passer des heures à discuter avec des amis assis dans un café…quelle perte de temps alors que je pouvais marcher ou bouger au moins !

Je ne peux pas vous dire à quel point un monde s’est ouvert devant moi quand je me suis enfin autorisée la position assise et à me le permettre une bonne fois pour toutes.

Rester un dimanche dans les bras de mon copain et regarder un film par exemple.

Ce sont des petites choses, mais qui ouvrent vraiment la voie vers une véritable liberté mentale.

Comment mettre fin concrètement à ses comportements ?

  • se poser la question : est-ce que la pensée de ne pas exécuter ces mouvements parasites provoque de l’anxiété et du stress ? Si oui, c’est compulsif et vous devez arrêter. Que ce mouvement paraisse « normal » comme se tenir debout, on stoppe tout. Arrêter assez longtemps pour que ce comportement disparaisse.
  • demander à un proche, un ami, un parent de vous aider à rester responsable de vos agissements devant eux.
  • ne pas bouger le petit doigt quand ces compulsions vous happent. Elles vont passer. Si, effectivement, vous devez bouger, aller au travail, faire des courses par exemple, faites-en le minimum.
  • ne pas être impliqué dans ces émotions qui remontent lorsqu’on « désobéit », comme l’anxiété, la culpabilité, la panique. Je sais bien que cela est plus facile à dire qu’à faire, mais les émotions sont comme les compulsions. Elles partent aussi vite qu’elles viennent. La méditation m’a d’ailleurs beaucoup aidé à comprendre et surmonter ce flot d’émotions qui surgissaient.

J’ai arrêté ces comportements et vous pouvez aussi y parvenir

Votre trouble alimentaire criera à vos oreilles que la fin de monde a sonné si vous ne faites pas ces petits « mouvements parasites ». Vous allez le sentir au plus profond de vos tripes.

J’ai serré les dents pour enfin accepter de m’asseoir et d’effectuer mes trajets de façon directe, comme une personne normale.
Cela a été très éprouvant, mais en même temps extrêmement libérateur.
J’étais enfin capable d’agir comme je voulais, quand je le souhaitais spontanément sans avoir à rendre de comptes à l’anorexie.

Chaque millimètre qui vous éloigne de cette emprise constitue une véritable victoire et vous conduit vers la liberté. Vous pouvez le faire.


Le vendredi 10 mai, nous vous donnons rendez-vous pour une webconférence interactive d’1h pour échanger avec une psychiatre et une chercheuse spécialisée dans la pratique sportive liée à la santé mentale.