Témoignage anonyme
J’ai toujours trouvé les témoignages de guérison très inspirants.
Lorsqu’on est malade, on a parfois le sentiment qu’on ne s’en sortira jamais. Me concernant, je me souviens d’un long sentiment écrasant de stagnation.
Mais les histoires positives donnent de l’espoir – elles nous rappellent que des gens sont passés par là et s’en sont sortis, et que vous le pouvez aussi.
J’espère qu’en partageant mon histoire, je pourrai aider d’autres personnes à réaliser qu’elles méritent de vivre et de se rétablir. Trouver un point de départ pour cette histoire est toujours la partie la plus difficile, mais mon histoire de rétablissement commence à la mi-2017.
La confrontation médicale
Tout a commencé par une simple visite chez mon médecin traitant. Non pas que j’avais envie d’y aller, mais mes proches m’ont un peu forcé la main. J’étais convaincue que tout allait bien, et je voulais juste qu’un médecin le confirme. Ce qui, bien sûr, n’a pas été le cas.
Cette visite a permis de poser le diagnostic d’anorexie. Diagnostic que je n’ai bien sûr pas accepté.
Je ne me sentais ni malade, ni légitime.
Moi ?? Anorexique ??
(J’ai compris bien plus tard que je n’ETAIS pas anorexique mais que je SOUFFRAIS d’anorexie).
Impossible. Déjà, j’étais bien « trop grosse pour être malade« .
J’ai donc continué ma routine personnelle. Je retirais peu à peu des aliments ou je cédais à des compulsions. Mes comportements étaient malsains, j’évitais tous les repas en famille, bref, la vie « normale » d’un grand nombre de personnes qui souffrent de troubles du comportement alimentaire.
Un jour, un de mes professeurs d’université m’a prise à part pour me demander si j’allais bien. Question étonnante pour une professeur envers son élève. J’ai compris bien plus tard qu’il était confronté à titre personnel par ces maladies via l’un de ses proches.
Quoi qu’il en soit, son inquiétude m’a fait réagir. Pourquoi, je ne sais pas. Et j’ai commencé à vouloir guérir, vraiment. Mais … j’en étais incapable.
J’ai continué à perdre du poids et j’ai été menacée d’être hospitalisée d’office. À cette époque, je travaillais en parallèle de mes études comme professeur dans une école, et le directeur m’a dit que des élèves avaient fait des remarques sur mon physique bien trop frêle.
Deuxième sonnette d’alarme. J’avais déjà reconnu que j’étais malade, mais le fait d’entendre que de jeunes étudiants le remarquaient m’inquiétait. Nouvelle motivation, nouvel échec. La motivation n’a pas suffit à me soigner.
De longs mois d’errance et une santé déclinante
Les mois passaient et ma santé physique et mentale déclinait.
Je ne faisais qu’exister, mais je vivais en apnée. Rien ne me stimulait, rien ne me faisait plaisir. J’étais un fardeau. Pour moi et pour les autres.
Je m’isolais en partie parce que la socialisation impliquait de manger, ce qui m’effrayait énormément, et en partie parce que j’avais l’impression de m’infliger aux autres.
Soucieuse de ma santé, j’ai quand même fait des examens, et j’ai appris que je souffrais d’ostéopénie, c’est à dire que mes os étaient déjà impactés. En fait, à 25 ans, j’avais déjà les os d’une personne de 60 ans. J’étais anémique, j’avais des vertiges et j’avais tout le temps froid, j’étais aussi épuisée au point que des tâches élémentaires comme sortir du lit le matin me demandaient un effort énorme. J’étais malheureuse – j’étais vraiment au plus bas.
J’ai perdu bien plus que du poids. J’ai perdu mes amis, ma santé, mon emploi, mon éducation, mon indépendance – moi-même.
J’ai accepté l’hospitalisation
J’ai du me rendre à l’évidence, je ne pouvais plus m’en sortir seule.
J’ai fini par être admise dans une clinique spécialisée dans les troubles alimentaires. Teasing : cette hospitalisation a changé ma vie.
Grâce à l’équipe thérapeutique, j’ai non seulement réappris à manger de tout, sans crainte, c’est à dire de la viande en sauce, des féculents, des fruits & des légumes, des pâtisseries, … mais j’ai aussi été aidée à mieux comprendre mes émotions, et à mieux y faire face.
J’ai été tellement soutenue par l’équipe sur place et par mes proches que j’ai finalement acquis les compétences et la motivation nécessaires pour faire les choses correctement. J’ai méticuleusement planifié ma sortie de l’hôpital et j’ai continué à appliquer à la maison ce que j’avais appris à la clinique. Un an plus tard, j’ai retrouvé mon poids normal et je peux enfin manger en paix.
Je n’ai pas uniquement repris le poids nécessaire à une vie normale
Certes, j’ai retrouvé un poids de forme, mais j’ai en fait gagné bien plus que du poids : j’ai gagné des amis qui me soutiennent et j’ai compris qui est là pour moi, j’ai appris que je suis aimée et désirée malgré ce que je pense, que je ne suis pas un fardeau et que oui, les gens se soucieraient vraiment de moi si quelque chose m’arrivait, j’ai appris que je suis capable, et je commence à apprendre que je suis bien comme je suis. J’ai aussi appris que je n’ai pas besoin d’être mince pour être malade, que même si j’ai repris du poids, mes luttes sont toujours valables et que je mérite toujours de l’aide.
Inutile de dire que la guérison n’a pas été facile.
Je suis retombée tellement de fois. Surtout au début. Comment ne pas agir en fonction de ce que me dictait mon trouble ? Ne pas écouter « cette petite voix » me demandait beaucoup de volonté.
Retrouver une vie normale
Ma vie a radicalement changé. Je commence enfin à accepter mon corps rétabli. Je suis de retour au travail à plein temps et je profite vraiment de la vie, j’ai des projets pour l’avenir !
Je peux manger au restaurant avec des amis, aller à des événements avec des gens, je vis. Le bonheur est arrivé après ce qui m’a semblé être des années de douleur, mais j’ai réussi.
J’ai encore des mauvais jours, je ne vais pas le cacher, mais je les gère beaucoup mieux maintenant et j’utilise des mécanismes d’adaptation qui ne sont pas des comportements de compensation, ce qui est un grand pas en avant.
Je peux dire que je n’ai jamais été aussi heureuse depuis des années, ce qui est un véritable exploit. Je n’ai pas de mots pour exprimer à quel point je suis heureuse du chemin parcouru.
Vous aussi, vous pouvez y arriver
Si vous commencez tout juste à vous poser des questions sur comment vous soigner, sachez que vous avez déjà un des plus grand pas.
N’abandonnez pas si c’est trop difficile à porter, ne baissez pas les bras. La souffrance fait partie du parcours, vous ne pourrez pas y arriver sans vous y confronter. Aucun parcours de rétablissement n’est linéaire.
Demandez de l’aide. Sans en avoir honte.
Trouvez les professionnels qui vous rassurent, mais n’écartez pas ceux qui vous agacent simplement parce qu’ils confrontent votre trouble.
Même si c’est difficile à accepter, la guérison ne dépend que de vous. Personne d’autre ne peut vous faire guérir – votre famille, vos amis, les médecins, les infirmières, etc. peuvent vous soutenir et vous guider, mais ils ne peuvent pas vous faire guérir – ils ne peuvent pas vous sauver.
Vous devez choisir de vous rétablir chaque jour et c’est un choix que vous devrez probablement faire des centaines de fois par jour.
Si vous vous plantez, ce n’est pas grave, essayez à nouveau. Faites de petits pas chaque jour. Utilisez vos soutiens tels que la famille et les amis proches, consultez votre équipe thérapeutique, prenez vos médicaments, restez en contact avec vos amis et prenez soin de vous du mieux que vous pouvez.
Je l’ai déjà dit, mais je le répète, le rétablissement est difficile, mais la lutte en vaut la peine. J’ai réussi, et vous le pouvez aussi. Continuez comme ça.
Magnifique témoignage.
Merci du fond du cœur, de redonner de l’espoir à tous ceux qui lutte chaque jour.
Merci pour ce tempignage pleins d’espoir qui aide à ne pas baisser les bras et continuer à « se battre » ( trouver des stratégies d’adaptations autre que le TCA au lieu de compenser par les crises ou restruction , , s’avoir demander de l’aide à ses proches ou amis et s’adreser au bon professionnel qui pourra nous aider , accepter le traitement, de prendre transitoirement un médicalent …).