Lorsqu’on souffre de troubles alimentaires, on est assailli de pensés erronées, de fausses croyances, de mensonges et de contradictions.
La partie saine de nous connaît les bonnes réponses, mais votre trouble vous pousse à prendre les mauvaises décisions. Dans votre cerveau se mène une vraie bataille, que vous perdez souvent.
Au cours de ma guérison, j’ai réussi à distinguer petit à petit ces voix, et à faire la part de celle qui me permettrait de guérir, et de celle qui essayait de me garder bloquée dans mes troubles.
Voilà une liste des mensonges les plus récurrents que j’ai pu noter :
1. Je suis grosse
La plupart des personnes souffrant d’un trouble alimentaire ont un rapport erroné à leur corps. Quel que soit leur poids, leur imc, qu’elles pèsent 30kg ou 60kg, elles ont cette sensation de lourdeur qui leur dicte qu’elles sont grosses. Même si le reflet que leur renvoie le miroir leur prouve le contraire. Même lorsqu’elles continuent de perdre du poids. Encore et encore et encore. Pour sortir de ce cercle vicieux, fiez-vous uniquement aux tailles de vos vêtements. Si à 15 ans, à 30 ans, ou à 40 ans, les vêtements les plus petits des magasins sont trop grands pour vous, c’est que votre trouble alimentaire vous ment. Si votre imc est dans la norme, mais que vous vous trouvez quand même gros, ne vous fiez pas à votre pensée erronée. Vous n’êtes pas gros. Et surtout, vous êtes somatiquement en bonne santé, ce qui vaut tous les efforts que vous avez fourni pour y parvenir.
2. Je ne suis plus rien si je n’ai plus mon trouble alimentaire
Voilà une croyance erronée souvent commune aux personnes souffrant de troubles alimentaires. Souvent, si votre estime de vous est au plus bas, que vous éprouvez du dégoût pour vous même, votre trouble alimentaire vient remplir le vide que vous ressentez. Au départ, vous avez le sentiment d’être animé(e) par quelque chose qui vous fait lever le matin, que vous fait vous sentir en vie, fier(e) de vous, vous « réussissez », et même vous « excellez » dans quelque chose, enfin ! Mais au fur et à mesure que votre trouble s’installera, il prendra une place si importante que votre vous « sain » sera étouffé. C’est là que le danger s’installe, votre vous n’existe plus, et votre sentiment de ne plus être sans votre trouble est chaque jour plus fort. Pour sortir de cette spirale, il sera souvent nécessaire de trouver une écoute et d’être accompagné par un professionnel, un psychologue ou un psychiatre qui vous permettra d’identifier vos atouts et de reprendre confiance en vous.
3. Je ne suis pas malade
Les troubles alimentaires sont des maladies. Vous en êtes victimes. Vous ne devez pas avoir honte. Accepter d’être malade, c’est accepter d’avoir besoin de traitement, d’avoir besoin de se soigner.
4. Je peux m’en sortir seule, je n’ai pas besoin de traitement ni de suivi médical
Il y a plusieurs étapes dans la guérison. La première, vue précédemment, est de comprendre et d’accepter qu’on est malade. Ensuite, il faut vouloir guérir. Et pour guérir, il faut accepter d’intégrer un protocole de soin. Lorsqu’on a un rhume, on peut refuser de prendre un médicament. Mais prendre un médicament permettra de guérir plus vite, et à plus long terme, sans souffrance. Soigner votre trouble alimentaire demande tout autant d’implication. Comme pour le rhume, vous pourrez guérir, peut-être, sans traitement. Mais comme le rhume peut dégénérer un pneumonie, sans traitement, sans suivi médical, votre trouble risque de s’installer, lentement, longtemps, vicieusement.
5. Je ne mérite pas qu’on s’intéresse à moi
Votre estime de vous est si basse que vous avez vu en votre trouble alimentaire un sauveur. Sauf que c’est en fait votre bourreau. Oui, il s’occupe de vous, et vous permet de ne vou ennuyer, mais pas en prenant soin de vous. Vous saisissez la nuance ? Tout le monde mérite d’être aimé, chacun(e) d’entre vous a en lui / elle des ressources qu’il ignore. Un des travail à faire pour vous soigner de votre trouble va être d’identifier ces ressources.
6. Je ne dois pas manger si je ne le mérite pas
Qui ne mérite pas de manger ? Manger est une fonction vitale, innéee, comme celle d’aller aux toilettes, de dormir, de boire.
7. Je mangerai normalement quand j’aurais atteint xx poids Et même, je pourrais manger tout ce que je veux !
Sauf que non. Votre trouble alimentaire ne sera jamais satisfait. Votre corps et votre cerveau ne fonctionneront plus normalement. Et à ce xx poids, vos sens seront tellement perturbés que vous ne serez plus capable d’inverser la tendance. Plaisir ? Vous ne saurez même plus ce que ça signifie. Le dégoût, lui, sera votre meilleur ami.
8. Je ne suis pas malade, je ne suis pas assez maigre
Souffrir d’un trouble alimentaire n’est pas une question de poids, mais une question d’état d’esprit. A partir du moment où vous vivez une relation conflictuelle ou obsessionnelle avec la nourriture, vous souffrez d’un trouble alimentaire.
9. Les médecins veulent me rendre grosse
Votre équipe médicale n’est pas votre ennemi. D’ailleurs, il ne faut pas se demander s’ils vous aiment bien ou pas. Ca ne devrait pas être un sujet de préoccupation. Votre seul ennemi est votre trouble alimentaire. Le rôle de vos médecins est uniquement de vous remettre en bonne santé.
10. Si je commence à manger, je risque de ne plus m’arrêter
La peur de la perte de contrôle est commune à beaucoup de personnes qui souffrent de troubles alimentaires. En fait, la peur de perte de contrôle est complètement associée à la restriction. C’est la restriction qui génère cette peur. Votre restriction est de toutes façons tellement forte qu’elle prend le dessus sur votre risqué de perte de contrôle. Et cette peur est une conséquence directe de votre dénutrition. Votre cerveau en souffrance et en manque de nourriture est obsédé par la nourriture. Une fois que vous commencerez à remanger normalement, de façon saine et équilibrée (en étant accompagné par un professionnel en nutrition), vous verrez que votre corps se stabilisera de façon autonome à votre poids de forme.
10. Il existe des bons et des mauvais aliments
L’équilibre alimentaire intègre toutes les catégories d’aliments, y compris les matières grasses, les sucreries, les pâtisseries. Vivre en bonne santé, c’est être capable de manger de tout. Vivre en communauté, c’est savoir se faire plaisir, profiter du gâteau d’anniversaire de ses petits neveux, de la coupe de champagne et des petits fours à Noël, de la soirée pizza entre amis.
11. Je ne peux pas manger parce que j’ai trop mal au ventre
Je remangerai que quand on m’aura aidé à soigner mes maux de ventre.
Sauf qu’en fait, ces maux de ventre sont dus à votre dénutrition. Votre corps ne fonctionne pas normalement, vos organes souffrent. La seule solution pour soigner ces maux de ventre est de grossir, pour que vos organes soient eux aussi soignés. C’est difficile, c’est un combat, mais vous n’avez le choix.
Quoi qu’il en soit, vous avez mal, alors autant avoir mal dans un but de guérison, que d’avoir mal sans visibilité d’amélioration, non ?
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