Ma chère Mathilde,
Je sais que tu as peur et je suis désolée. Je sais que tu as mal et j’aurais voulu te l’éviter. Je ne peux pas effacer cette douleur, ni te rassurer complètement, mais je peux te faire une promesse.
Plus jamais je ne te laisserai tomber. Plus jamais. Je te le promets.
Je suis désolée de t’avoir fait si mal. Je suis désolée de ne pas t’avoir écoutée plus tôt, de n’en avoir fait qu’à ma tête, de t’avoir détruite pour te faire taire parce que je ne voulais rien entendre. Je suis désolée Mathilde, tellement désolée.
Je sens ton petit cœur qui bat tout au fond de moi, qui panique, qui se tord d’angoisse. Mais cette fois, promis, je ne lâcherai pas. Pas ça. Cette fois j’irai jusqu’au bout. Je ne laisserai personne se mettre sur ton chemin.
Tu ne méritais pas ça, cette violence, le ventre vide, le froid, les bras lacérés, le cœur qui brûle de haine et de douleur. Je n’aurais jamais dû t’infliger ça. Mais j’avais l’impression que je n’avais pas d’autre choix tu comprends ? Je me sentais coincée, acculée. Je crois que j’avais encore plus peur que toi. C’était trop insupportable d’avoir à concilier ce que tu me disais et ce que j’entendais par ailleurs. Je voulais réussir tu sais. Etre la meilleure parce que je pensais qu’on attendait ça de moi. On me le disait de tous les côtés. Tu en as la capacité. Ils ne voyaient que ça en fait. Ma capacité. J’étais un potentiel. Quelqu’un en puissance. J’aurais pu, sans doute. Faire une prépa peut-être, avoir une école de journalisme sans doute, briller qui sait. Mais à quel prix ?
Aujourd’hui je ne veux plus. Aujourd’hui je prends la décision de t’écouter toi, ta petite voix qui me dit sois heureuse s’il te plaît. Je te le promets, qu’on va être heureuse. Je te promets que je ne ferai pas demi tour cette fois.

Tu sais, aujourd’hui j’ai mal de t’avoir fait tant de mal. Je sens cette souffrance qui est toujours là, parfois si violente que je préfère sentir la brûlure de la chair à vif sur mes bras plutôt que la douleur sourde et immense de mon cœur.
Ce matin j’ai encore plus mal de me sentir si incomprise. Je voudrais crier de colère pour qu’on m’entende. Pour qu’on t’entende. Il y a quelques mois encore j’aurais reculé. J’aurais ignoré tes appels à l’aide. Mais cette fois non. Cette fois c’est fini. Cette fois je te prends par la main. Promis Mathilde. Promis juré on va y arriver. Je ne te laisserai plus tomber.
Aujourd’hui, je veux te demander pardon. Mais je veux surtout te dire merci. Merci d’être restée malgré tout. Merci de m’avoir attendue.
Ça va aller tu sais. Je te promets que cette fois, je vais y arriver.

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