Laetitia a 23 ans. Elle est tombée malade suite à une relation de couple destructrice qui l’a plongée dans l’anorexie.
En cours de guérison, nous l’avons interviewée. Elle nous raconte son parcours, ses difficultés, ses avancées, la force qu’elle retire de cette relation traumatisante.
Bonjour Laetitia, tu parles librement des raisons qui t’ont fait tomber dans l’anorexie, une vie de couple destructrice notamment. Peux-tu nous expliquer ce traumatisme et l’impact sur ta santé ?
C’est vrai qu’aujourd’hui j’en parle assez librement mais je n’entre pas dans les détails car c’est une histoire qui pourrait choquer certaines personnes.
Si j’en parle tout de même plus librement, c’est parce que j’ai cessé d’avoir honte et de penser que tout était de ma faute.
Brièvement, je me suis mise en couple en juillet 2017 avec un homme plus âgé que moi et j’ai vite réalisé qu’il avait une sexualité très particulière. Bien que ça ne me plaisait pas, je n’ai rien osé dire et je me suis laissée faire. Je l’ai longtemps caché, à lui, aux autres mais pire que tout je me mentais à moi-même.
Ces évènements que je n’aurais jamais du accepter ont fait resurgir d’autres évènements douloureux, et m’ont faite peu à peu tomber dans l’anorexie.
En me réfugiant dans cette maladie, je crois que j’ai voulu détruire mon corps pour ne plus plaire car concrètement tout ce que je subissais c’était à cause de lui.
J’étais jeune et jolie, je ne voulais plus être l’objet de la moindre convoitise.
Nous avons fini par rompre, et ce n’est qu’un mois après notre rupture que j’ai commencé à ressentir du dégoût. Mentir aux autres c’est une chose mais se mentir à soi je pense que c’est encore pire et très destructeur. Je souffrais et me faisais du mal sans comprendre pourquoi.
Concernant l’anorexie, elle s’est immiscée dans ma vie doucement mais sûrement. Pendant près de 2 ans, personne ne s’est rendu compte de rien, mais c’est après la rupture que j’ai moi-même compris. Les comportements dysfonctionnels de mon ami, ma lente chute vers l’anorexie, le mal-être, le dégoût, l’anormalité de ce que j’avais subi et accepté.
Penses-tu au final que l’anorexie t’a aidée à te sortir de cette relation destructrice ? Ou a été un rempart ?
Oui et non. Je suis tombée dans l’anorexie à cause de cette relation.
Au fil du temps, l’homme avec qui j’étais a commencé à être violent verbalement, ce qui a aussi participé à mettre à mal ma confiance en moi, détruire mon estime de moi.
L’anorexie était ma seule solution.
Je pense par contre effectivement que l’anorexie m’a permis de me sortir de cette relation destructrice.
Sans elle, j’aurais pu continuer à subir sans rien dire et ça n’aurait été que plus grave. Sans l’anorexie, je n’aurais pas vu le vrai visage de mon ami. Elle m’a en quelque sorte sauvée d’une relation qui aurait fini par me tuer d’une manière ou d’une autre.
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Raconte-nous ton parcours de soin. Par quelles étapes es-tu passée, où en es-tu aujourd’hui ?
J’ai mis très longtemps à demander de l’aide. Les hôpitaux spécialisés étaient trop loin et je ne voulais plus être loin de ma famille. J’ai finalement demandé à me faire hospitaliser dans un CMP pour dépression grave. J’ai été aidée et accompagnée par certaines personne sans qui je ne sais pas si j’aurais osé faire cette demande.
Je suis restée hospitalisée un mois, où j’ai commencé un suivi psy. J’ai pu prendre conscience de plein de choses. Ce suivi m’a permis de cesser d’avoir honte et m’a déculpabilisée sur ce que j’ai subis.
Ma psychiatre m’a été d’une grande aide sur tous les points.
Aujourd’hui, j’ai arrêté ce suivi car je vais mieux et n’en ressens plus le besoin mais je suis toujours régulièrement suivie par mon médecin généraliste.
Qu’est-ce qui est pour toi le plus dur dans ce parcours de guérison ?
Déjà, je dirais que réaliser et dire qu’on souffre d’anorexie est une étape difficile.
Tout comme demander de l’aide. Je voulais tellement m’en sortir seule que d’avouer que je n’y arrivais pas et que j’étais incapable d’y arriver seule a été très dur.
La première semaine à l’hôpital à été horrible. Puis les premiers rendez-vous avec la psy ont été douloureux. J’ai dû parler du passé, me remémorer des choses que je préfèrerais oublier même si c’est impossible.
Une autre chose qui est difficile c’est de réapprendre à manger.
On perd tellement tout nos repères avec cette maladie que c’est dur. Je ne savais plus quoi manger, en quelle quantités. Tout me semblait trop. J’étais tellement obsédée par les calories et les chiffres que j’ai eu du mal au début. Il m’a fallu réapprendre à manger de tout, à me faire plaisir sans culpabiliser, ce qui a pris quelques mois avant de vraiment se remettre en marche.
Il m’a aussi fallu affronter des douleurs, des tiraillements, des brûlures tellement mon corps n’était plus habitué.
Aujourd’hui, je vais mieux, même si je suis encore loin de manger des quantités suffisantes.
J’arrive à manger de tout et pour moi c’est déjà un énorme progrès, j’avance chaque jour un peu plus.
Et ta famille dans tout ce parcours ? Comment sont vos liens ? Comment ont-ils vécu ton traumatisme et la maladie qui s’en est suivie ?
Une partie de ma famille m’a beaucoup soutenue quand j’étais au plus bas. Ils étaient inquiets mais ne savaient pas quoi faire. Ils ne voulaient pas me forcer. Pendant mon hospitalisation, ils ont été très présent.
Aujourd’hui encore ils font tout pour m’aider et à aucun moment ils ne m’ont jugée.
Tu utilises l’application Feeleat chaque jour. Peux-tu nous dire comment ça t’aide au quotidien ?
Au début, quand l’application est sortie, je l’utilisais surtout pour noter mes repas et mes émotions, mes ressentis. Je n’avais nulle part où exprimer tout ça alors elle me servait de journal en quelque sorte.
Pendant mon hospitalisation et par la suite, elle m’a fait prendre conscience de ce que je mangeais. J’avais toujours l’impression que c’était trop pendant le repas mais quand je le rentrais dans l’application, je me rendais compte que c’était ridiculement peu. Petit à petit, j’ai donc commencé à entrer des objectifs pour y aller petit à petit. A mon rythme.
Aujourd’hui je continue a utiliser quotidiennement l’application pour toute ces raisons. Pour noter mes ressentis, mes émotions, enregistrer mes repas et prendre conscience de ce que je mange réellement.
J’ai encore souvent une vision faussée de ce que je mange au cours des repas alors les enregistrer me permet vraiment de me rendre compte de la réalité.
J’entre régulièrement de nouveaux objectifs, ce qui me permet de me challenger, au delà de l’alimentation. Puis avec l’arrivée des statistiques je peux voir mon évolutions. Mes progrès.
Grâce à l’application je réapprends petit à petit à manger et à m’alimenter « normalement ». Elle m’a beaucoup aidée à déculpabiliser quand je me faisais plaisir et me détacher des calories et des chiffres.
Aurais-tu un dernier petit mot à adresser aux personnes qui souffrent d’un trouble alimentaire ?
Ne lâchez rien. Je sais que ce combat est très difficile, très long aussi. On se bat contre nous même et ce n’est pas toujours simple. L’envie de tout abandonner est souvent présente. On pense que la guérison est impossible mais moi j’y crois.
Il y a un an je n’y croyais plus, je me laissais mourir lentement. Et aujourd’hui je suis là, plus forte et plus déterminée que jamais. Cette maladie nous rend plus fort(e) car nous avons vécu des choses difficiles. Rien n’est insurmontable. Il suffit de toujours y croire et de persévérer coûte que coûte. N’hésitez pas à demander de l’aide, il n’y a pas de honte à avoir. On est humain et parfois, quand c’est trop dur, une aide est indispensable pour se relever.
Croyez en vous. Croyez en vos rêves. Vous êtes des battant(e)s et un jour vous pourrez dire « Je l’ai fait ! ». Un jour vous serez fière de vous.
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