Témoignage de Marie
Comme beaucoup de personnes souffrant de troubles alimentaires, lorsque je luttais pour me soigner, l’une des peurs qui m’empêchaient de me nourrir correctement à nouveau était la peur de perte de contrôle totale et par la suite de tomber dans des « crises ».
En me renseignant sur le sujet, je lisais que les crises étaient inévitables pour des personnes sortant d’anorexie restrictive car, leur corps ayant été privé trop longtemps, il réagissait en excès inverse lorsqu’il avait la possibilité de se nourrir.
Autant dire que cela ne me rassurait pas.
Cependant, je suis l’exemple que cette croyance est fausse.
Certes, ce genre de situation existe, mais elle n’est pas inévitable. Je souhaite donc parler ici à celles (et ceux) qui auraient, comme moi il y a un an de ça, peur de lâcher prise.
Le travail a été long, j’ai retrouvé mon poids « d’avant » il y a presque un an, et j’estime avoir retrouvé des vraies sensations de faim et de satiété seulement depuis quelques semaines.
Malgré cela, mon poids est resté quasiment identique depuis fin août 2017.
Mais je me sens beaucoup plus sereine aujourd’hui.
Pourquoi ?
Parce que je n’ai plus peur de craquer, de ne pas savoir m’arrêter quand je mange.
J’ai réussi à surmonter cette peur en remangeant chaque aliment sur lequel je « fantasmais » depuis que je souffrais d’anorexie.
Ce mot peut paraitre fort, mais il est tout à fait approprié. Je fantasmais sur des aliments car je ne me rappelais plus de leur saveur, les ayant bannis depuis si longtemps.
Alors j’ai décidé de les goûter à nouveau.
J’ai commencé par acheter un muffin en boulangerie un midi, pour un dessert.
En y repensant, c’est dingue à quel point j’en avais fait un événement dans ma tête, chercher le meilleur pour ne surtout pas être déçue, et sacraliser le moment en le mangeant tout doucement.
Verdict ? C’était bon… comme un muffin. Point barre.
Pas d’explosion de sensations comme je me l’étais imaginé. J’ai fait de même deux ou trois semaines plus tard avec une crêpe au Nutella, là encore à l’extérieur, car j’avais peur de ne pas savoir m’arrêter. Et là encore, c’était bon. Comme une crêpe au Nutella achetée à Paris.
Ces deux « exploits » m’avaient remis les idées en place.
Le fantasme ne venait pas du fait que ces aliments étaient délicieux, mais seulement du fait que je les avais idéalisés. Grâce à cette prise de conscience, j’ai pu travailler sur le deuxième point crucial de la guérison à mes yeux, retrouver des sensations de faim et de satiété.
Jusque-là, j’idéalisais le dessert donc je passais tout mon repas à me demander si j’allais oser prendre un fromage blanc avec du muesli ou pas. Je n’étais pas concentrée sur mon corps.
Depuis que j’ai compris que tout est bon, mais que rien n’est extraordinaire, je prends davantage le temps de m’écouter.
Au début de la réalimentation, on mange parce qu’il faut manger, prendre du poids, donc on suit nos trois repas, parfois des collations, parce qu’il le faut.
A écouter sur notre Podcast :
le combat gagné de Mélina après 15 ans de TCA
Est venu un moment pour moi où je n’avais plus de poids à prendre nécessairement, mais j’ai continué à manger mes trois repas par jour, assez consistants, parce que j’ai commencé à habiter avec mon copain, et qu’un homme, ça mange.
Moi qui ne mangeais jamais de viande le soir, depuis septembre c’était tous les soirs, avec des féculents en quantités (et toujours des légumes, ouf).
J’étais un peu perdue parce que je n’avais pas de sensation de satiété, je mangeais comme lui, ou à peine moins, et voilà. Mais je ne me sentais pas forcément très bien. J’avais l’impression de trop manger par rapport à mes besoins. Il faut dire qu’il a peur de manquer, donc quand pour moi une portion de pâtes c’est 80 ou 100g, pour lui c’est minimum 150g.
Après quelques mois à tâtonner, j’ai réussi à trouver mon rythme.
Parfois j’ai faim, et je mange plus, parfois j’ai moins faim, et je mange moins.
Et tout se régule, au repas d’après, je retrouve la faim. Je mange moins vite qu’à la fin de la réalimentation et retrouve des sensations de satiété. En effet je n’ai jamais fait de crise à proprement parler (car selon moi, quand je m’autorisais un carré de chocolat à la fin du repas, et que j’en prenais trois ou quatre, je considérais que c’était une crise…) mais je mangeais très vite par peur du manque.
Aujourd’hui je profite au contraire du moment présent, du plaisir d’avoir cuisiné un bon plat, ou d’une sortie au restaurant.
Je mange à ma faim, savoure chaque bouchée mais n’en fais pas une montagne. Je me ressers si j’ai faim, pas systématiquement. Je ne m’interdis pas un dessert si j’en ai envie, mais ne considère pas un repas gâché si je n’ai pas ma touche sucrée, summum de ce que je pensais le plaisir avant.
Lancez-vous. N’ayez pas peur de faire des erreurs. Votre corps est intelligent et saura vous guider vers la sérénité.
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Merci pour votre aide…
Merci pour ce témoignage. C’est une de mes plus grandes peurs et ce qui m’empêche en partie aujourd’hui de me réalimenter. A méditer du coup 😊
🙂
N’hésitez pas à parcourir le blog où vous trouverez de nombreux témoignages encourageants et autres partages d’expérience !
Je ressens exactement les mêmes choses. J’idealise l’aliment, qui, en fin de compte quand je le mange, n’est pas aussi extraordinaire que je le pensais. En ce moment, je pèse les proportions que je mange de peur de « trop » manger. Je n’ai plus vraiment la sensation de satiété et ce n’est pas facile de lâcher la balance à cause de ça…Merci pour cet article qui m’a rassuré et m’encourage dans la voie de la guérison ! 😊
Bravo à vous pour votre lucidité ! Entourez-vous de professionnels et acharnez-vous !
La #feeleatfamily vous soutient 😌
J’ai l’impression d’idéaliser les aliments aussi… après une rechute de légère anorexie maintenant j’ai du mal à m’autoriser à manger sans culpabiliser, j’ai l’impression que je prends du plaisir à mettre les aliments dans ma bouche et à en prendre en grande quantité (beaucoup de cerises, morceaux de fruits,etc).
J’ai une sorte de peur /fantasme de me lâcher totalement sur la nourriture… c’est bizarre.
Je me suis renseignée et en effet c’est normal que le corps veuille se nourrir après la privation, mais je ne sais pas si tout lâcher est une bonne idée…
Beaucoup parlent de « faim mentale » et de faim extrême après une période de régime /anorexie. Et disent que ça se régule…
Pourriez vous m’aider si vous vous y connaissez sur ce sujet svp?
Je suis dans la même situation, je me relâche trop et j’ai souvent des fringales, et je culpabilise à chaque repas, je n’en peux plus
Mon problème est que je mange trois repas et une collation par jours mais parfois je mange plus en rajoutant du pain et du beurre par exemple mais je m’en veux et après je n’arrive pas à m’arrêter et ça dure depuis environ un mois et environ tout les jours pourtant je ne fais pas trop de restrictrions… J’avoue que je suis perdue et fatiguée …
Bonjour, cela va faire un an que je ne fais plus de crise de boulimie. Et ce n est que récemment que je ne mange plus par automatisme. Je m explique, j ai eu l impression que je mangais moins, que peut-être j etais malade. Mais en fait, je crois que j écoute plus mon corps et que mon corps « me parle », je ne suis pas encore sur, mais c est tellement nouveau pour moi.
Oh bravo Salomé !!!
N’hésite pas si tu souhaites partager ton vécu et témoigner 🙂
Merci pour la communauté,
Bonne journée,
Morgane
Bonjour,
Depuis le premier confinement, je suis retombée dans l’enfer de l’anorexie mentale. J’ai longtemps fait le yoyo en 2020 en alternant les boissons hyperprotéinées qui entre nous, sont vraiment dégueulasse mais ça me permettais de garder un semblant de poids. Je mesure 1m73 et faisait 55 kg l’année dernière.
Cette année, j’ai eu beaucoup de changement dans ma vie perso et j’ai emménagé dans mon lieu chéri. Une victoire, cependant l’ombre au tableau est cette foutue anorexie mentale. L’élément déclencheur : la solitude au repas. Manger seule m’angoisse, alors quand mon copain a repris le boulot, l’enfer qui s’était cachée a ressurgi de nulle part. Voyant que je commençais à perdre pied je suis allée chez le médecin et là bam : 50 kg et 9 de tension…
Rebelotte, boisson hyperprotéinée et se forcer à remanger. L’enfer de se nourrir. J’avais réussi à reprendre 1.10 kg il y a un mois, je n’ai pas de balance chez moi et je sens que je reperds. Heureusement j’ai rendez vous dans 2 semaines chez un nouveau médecin. J’ai hâte, j’ai peur d’avoir reperdu. Je ne veux pas être hospitalisée, je veux sortir de cette merde qui me bouffe la vie. J’ai pas mal de problèmes gynécologiques qui se répercutent à cause de l’AM et je veux guérir coûte que coûte et pour de bon, mais je ne sais par quoi commencer.
Votre texte m’a touché, j’espère arriver à guérir de cette merde !
Un grand bravo Marine pour cette envie de combat !!!
Bonjour,
Merci pour ce témoignage qui redonne sens à « pourquoi nous mangeons », parce que notre corps en a besoin pour vivre… Pour ma part, j’ai toujours eu des soucis avec l’alimentation mais jamais de contrôle extrême. La dégringolade du contrôle a eu lieu pendant le 1er confinement. Été 2021, mon corps a montré son désaccord en étant trop faible. J’ai depuis entamé le parcours du combatant des suivis. J’ai retrouvé goût à tout, et pour rien au monde je retournerai en arrière… Seulement, cette voix du contrôle reste présente et manger avec plaisir et sans obsession c’est libérateur, par contre, j’ai repris un poids « vital minimum » comme dirait ma nutritionniste, mais, je n’arrive pas à stabiliser mon poids même en mangeant correctement. Cette spirale de la prise de poids était la bienvenue, mais ayant récupéré mon poids d’avant, je ne sais pas si c’est normal ou pas, de continuer à « prendre du poids » malgré une alimentation plus seine qu’au départ de la guérison…
Suis je la seule a vivre cela ? Est ce normal dans la guérison ?