Témoignage anonyme
Pendant longtemps, j’ai souffert de troubles alimentaires et toutes mes pensées, mes centres d’intérêt, mes lectures, étaient tournés vers la nourriture.
A la télé, je regardais les émissions culinaires. J’achetais les magazines de cuisine. Sur les réseaux sociaux, je suivais les comptes des influenceurs qui publiaient de belles recettes. Je cuisinais sans cesse pour mes proches. Je mangeais peu ce que je cuisinais.
Je comptais méticuleusement chaque calorie et j’évitais à tout prix les aliments que je ne pouvais pas calculer avec précision. La nourriture était à la fois ma meilleure amie et mon pire ennemi. Mon monde tournait autour d’elle.
Lutter pour se libérer, de l’obsession à la guérison
Quand j’ai pris conscience de ma maladie, j’ai tenté de lutter.
Pendant cinq longues années, j’ai lutté. La restriction s’est transformée en suralimentation à cause d’un désir désespéré de ne plus jamais sentir la faim.
Je voulais me libérer du comptage de calories, mon corps s’est alors rebellé contre la famine passée. Et oui, il n’y a pas de miracle. Quand on a été dans l’excès, que votre comportement réel soit de trop manger, de vous restreindre, de faire trop d’exercice pour compenser votre alimentation, de souffrir de rigidité alimentaire, d’un trouble alimentaire complet ou d’une combinaison de ces facteurs, la guérison est un L-O-N-G parcours fastidieux, qui nécessite souvent de faire appel à des professionnels de santé, parfois même d’une hospitalisation.
Chaque cas est individuel, mais je vais tenter de vous faire mon retour d’expérience et vous donner quelques astuces et conseils qui m’ont été donnés et m’ont aidée à avancer.
Premièrement, et SANS condition, arrêtez tous les régimes
Et par régime, j’entends toute restriction alimentaire qui n’est pas médicalement nécessaire, les régimes sans (gluten, lactose, protéines animales, sucre, …), ou la limitation de votre apport calorique en dessous de ce dont votre corps a réellement besoin pour maintenir un fonctionnement optimal. Pour vous assurer d’avoir les apports suffisants, n’hésitez pas à consultez un diététicien.
Dis comme ça, ça semble logique, mais bien sûr,
Toute promesse de « perte de poids rapide » ou de régime à la mode qui supprime des groupes d’aliments entiers = on supprime !
Si vous avez déjà fait ces régimes, je n’ai probablement pas besoin de vous dire pourquoi ils augmentent l’obsession qu’on peut avoir pour la nourriture.
Lorsque votre corps est privé de calories ou de certains nutriments, il souffre et vous renvoie des signaux pour se faire écouter, qui s’apparentent bien sûr à une pensée obsessionnelle !
Je l’ai expérimenté à chaque fois que j’étais en proie à l’anorexie et que j’ai essayé de reprendre du poids « à ma manière », « avec conditions », …
Me restreindre m’a toujours conduite à des pensées obsessionnelles, qui finalement ont conduit à des mécanismes de boulimie, puis de purge, puis de restrictions… Bref, le cercle vicieux bien connu des personnes qui souffrent de troubles alimentaires.
Notez régulièrement vos pensées obsessionnelles dans un journal
L’étape suivante consiste à prendre conscience de vos pensées. Tant que vous n’êtes pas conscient de vos mécanismes et de ce qui les provoque, vous n’avez aucun pouvoir pour modifier vos comportements.
Cela peut sembler douloureusement évident, mais le plus souvent, nous devenons esclaves de nos pensées. Même si ce sont des pensées que nous avons eues mille fois auparavant.
Vous pouvez vous servir de l’application feeleat pour cela, ou d’un carnet papier si cela vous semble plus conforable.
Le simple fait de suivre le cheminement de vos pensées tout au long de la journée vous donne des informations précieuses et vous permet de faire un choix.
Ok, donc je recommence… est-ce que laisser ces pensées me dicter ce que je choisis de manger maintenant va vraiment m’aider à long terme, ou dois-je baser mes choix sur une action en accord avec mes valeurs fondamentales ?
Bien sûr, c’est plus facile à dire qu’à faire. Mais est-ce que tout n’est pas comme ça ? Tant que vous n’aurez pas pris conscience du moment où vous êtes accroché par des pensées sur l’alimentation ou le corps, vous ne pourrez pas agir différemment.
Demandez-vous ce que vous ressentez vraiment au moment précis de l’obsession
Une fois que vous avez pris l’habitude de remarquer quand vous êtes accroché à des pensées obsessionnelles, vous pouvez passer à l’étape suivante, à savoir devenir curieux à leur sujet.
Souvent, il y a de fortes chances pour que votre anxiété à propos d’autre chose dans votre vie se traduise par une obsession commode pour autre chose : la nourriture !
Prenez une minute pour prendre du recul : qu’est-ce qui, à ce moment précis de l’obsession, vous préoccupe (en plus de la nourriture bien sûr !) : est-ce que vous avez une angoisse particulière ? Un sujet au travail ou à l’école qui vous ennuie ? Une inquiètude vis-à-vis d’une relation avec un proche ?
L’identifier ne résoudra peut-être pas le problème sur le moment, mais cela vous aidera à voir que les pensées sur la nourriture sont en fait un mécanisme de compensation et non le « vrai » problème en question.
Reprenez le pouvoir
C’est une de mes phrases de guérison préférées parce qu’elle est tellement vraie et tellement importante.
Lorsque vous êtes bloqué dans vos pensées – surprise ! – la réponse n’est pas d’arrêter de penser !
Si je vous disais de commencer à vous sentir vraiment triste maintenant, pourriez-vous le faire ? Il y a de fortes chances que ce soit assez difficile. Parce que nous ne pouvons pas simplement éteindre et allumer nos pensées et nos sentiments à volonté. Tout comme il est difficile de se changer les idées par un simple claquement de doigt.
Par contre, nous avons le pouvoir de passer à l’action.
Par exemple, si je suis en colère, le fait de pense à ma colère ne m’aidera pas à décolérer.
Par contre, si je me lève, que je marche jusqu’au bout de la rue et que je reviens, je me donne la possibilité de prendre l’air, de descendre en pression, ce qui est souvent suffisant.
Par analogie, lorsque nos pensées obsessionnelles pour la nourriture sont présentes, plutôt que de ruminer, de nous en vouloir, nous pouvons penser à une action à entreprendre à ce moment-là et qui serait en accord avec nos valeurs.
Cela pourrait être d’appeler un ami, de prendre un bain, de sortir notre animal de compagnie, de dessiner, …
Bref, évidemment, je répète que ce qui a marché sur moi ne marchera peut-être pas sur vous, mais, chère feeleatfamily, je suis convaincue que c’est en partageant nos expériences que, peut-être, nous aiderons quelques personnes dans le désarroi…
Prenez soin de vous 😌✨❤️
Bravo à toi ! Tes conseils par rapports à tes valeurs me font penser à la thérapie ACT, que j’apprécie particulièrement ! Tu es courageuse !
Merci pour votre témoignage qui donne de l’espoir.
Est-ce quelqu’un de la feeleat family aurait une astuce pour ne plus penser à la nourriture quand on est au travail ? Beaucoup de témoignages disent de faire un tour, passer un coup de fil… ok quand on est chez nous mais quand on est ailleurs et qu’on s’y ennuie ???
Merci d’avance.
Bonjour j utilisespère l appli et je me rends compte que mes compulsions sont souvent en fin d’après midi quand la fatigue se fait sentir. ..Y a t’il des personnes dans ce cas et avez vous des astuces pour m aider à contrôler mes comportements ?
Merci
Coucou Sylvie ! Je comprends est ce que tu vie est en fait assez naturel ! En fin d’après-midi, on est fatigués, on a besoin de retrouver de l’énergie ! Et du coup, se sont souvent des envies de sucre qui se déclenche ! Le problème, c’est que les aliments sucrés sont ancrés dans ta tête (je suppose) comme étant « interdits », source de culpabilité. Et finalement, ne pouvant plus te retenir (ce qui est instinctif !), tu finis par « lâcher-prise » mais, pas en dégustant, en te punissant mentalement « ce n’est pas bien, je ne devrais pas, ce soir je mange moins, je ne ferais plus jamais ça, etc.. » ce qui déclenche les prises alimentaires compulsives. Pas de panique, il y a plein de solutions : tu peux te prévoir un petit gouter vers 16-17h (en choisissant un aliment « copain » au départ si tu veux puis des aliments plus difficiles petit à petit, sans pression : la planification aide beaucoup au début 🙂 ) Peut-être aussi qu’il n’y a pas assez de féculents et/ou de matières grasses et/ou de protéines dans ton repas du midi, qui permettent de diffuser l’énergie du déjeuner pendant une plus longue période ! Comme dirait Morgane : l’importance de faire des repas complets ! (mais on peut très bien faire un repas complet + un gouter, sisi, c’est normal 🙂 ) Peut-être aussi as-tu besoin de DETENTE (ou des deux !), après une journée de travail sans vrai moment de relaxation, le besoin de se faire plaisir se fait ressentir ! Alors si tu as la possibilité : prends soin de toi avant de te mettre à table (bain, musique, balade, ce que tu aimes faire 🙂 !
Courage !
☺️☺️☺️
Bonjour,
Je suis atteinte de TCA depuis plus de 15 ans maintenant et je suis passee par plusieurs psychologues, psychiatres , dieteticiens, hypnotiseurs et des hospis.. anorexique puis boulimique, je souhaite m’en sortir mais n’ai pas encore trouvé le psychologue ou psychiatre qu’il me faudrait… auriez-vous un praticien à me conseiller? Je sais bien que chaque personne a des besoins et appréciations différentes quant au praticien… je n’ai rien à perdre de toute facon, autant tout essayer 😊 en vous remerciant par avance de votre retour, je vous souhaite un très beau dimanche.
Ps: je vais commencé à noter mes ressentis journaliers lorsqu’une envie compulsive de manger survient, je trouve que c’est une idée très intéressante qui pourra, je l’espère, m’aider à mieux comprendre et surmonter mes crises…