Une envie de se faire entendre, une envie qu’on s’occupe de nous, un refus de grandir, un besoin de contrôle, un besoin de combler un abandon, une envie de maigrir, une recherche rassurante de confiance en soi, le trouble qui s’installe et c’est là que tu rentres dans cette spirale infernale !
J’avais tout pour être heureuse : une famille, un travail passionnant, un bon cercle d’amies et un corps qui me permettait de vivre pleinement avec des formes
Oui des formes de femme, joliment harmonieuse et sportive.
J’avais tout, là ou il fallait avec un poids entre 52kg et 54kg pour 1m60 donc nul besoin de régime ni de restriction !
Et pourtant, il a suffit d’une rupture amoureuse, d’un travail qui devenait compliqué à gérer moralement (aide-soignante en soins palliatifs) et ma passion pour la danse et le sport, … mon cerveau a tout mélangé, et un joyeux bordel a commencé !
J’ai tout d’abord retiré les repas trop riches et les fast-foods.
Ensuite, j’ai enlevé les plaisirs gras puis sucrés. Plus la liste d’aliments se réduisait, plus un sentiment de puissance et une addiction excessive au sport augmentait !
« J’ai commencé à me sentir mieux, dans ma tête et dans mon corps, …un sacré leurre que met en place la maladie. »
Alors oui, j’obtenais des résultats sur mon corps. Il s’affinait et se sculptait comme je le voulais au fil des jours, j’étais tellement fière de moi !
Plus je m’enfonçais dans ce trouble, plus les journées étaient légères, mais bizarrement je ne sentais aucune faiblesse mais plutôt une grande force. Rien ne pouvait m’arrêter.
Mes seules activités journalières étaient certes le sport, la compensation, la nourriture, mais surtout le calcul de tout.
En quelques temps, j’étais devenue une professionnelle en calcul mental.
Pour m’accompagner, j’ai téléchargé une application qui comptait et accumulait pour moi les calories des quelques aliments que je m’autorisais. Je me fixais un seuil de calories journalier à ne pas dépasser avec l’envie de toujours faire mieux, toujours réduire. Un défi personnel, une sorte de challenge qui m’octroyait bien-être et plaisir.
Sans oublier cette foutue balance, où je passais le plus clair de mon temps à monter et descendre, à regarder le chiffre pour prévoir ma journée en fonction du résultat, et ensuite aller faire mes longues courses alimentaires où j’épiais chaque tableau nutritionnel dans les rayons, où je passais des heures à me demander ce que j’allais pouvoir manger, leurrer tout mon entourage avec ma bouteille d’eau amincissante ou mon soda light dans les mains.
Il y avait deux types de courses, celles que je mangeais vraiment, et celles que je mangeais quand mon corps m’hurlait qu’il manquait cruellement d’apports énergétiques (courses boulimiques).
Rien ne restait bien longtemps en moi, la culpabilité était bien trop forte. Continuer à gagner du terrain sur moi un peu plus chaque jour !
A ce moment-là, j’étais en plein déni.
La nourriture était devenue obsessionnelle et angoissante, la restriction et le contrôle de mon alimentation était ma façon de reprendre le contrôle sur ma vie. Plus le chiffre baissait sur la balance, plus j’avais l’impression de tout gérer et en quelques petits mois j’avais perdu une bonne quinzaine de kilo !
Je me suis retrouvée à l’hôpital ayant pour motif malaise et hypotension, mon corps lâchait progressivement.
Et c’est là qu’on a posé ce mot, ce petit maux qui me diagnostiquait d’ « anorexique mentale », avec épisode de « crises boulimiques ».
Mon entourage n’a rien vu arriver.
Et moi alors, qui aimait tant la nourriture et les petits plaisirs de la vie ?
J’ai pensé que le docteur se trompait, que tout allait bien. J’étais persuadée de pouvoir remanger normalement quand je le souhaitais mais ce n’étais pas le cas…
Quand est arrivé le plateau repas, j’étais là, tétanisée, devant une soupe une compote et un yaourt.
J’ai pris alors conscience qu’en réalité je ne contrôlais plus rien. Et là commence la bataille.
Je sors d’hospitalisation et j’accepte enfin de me faire prendre en charge, bien que persuadée que tout allait bien.
J’acceptais pour mes proches.
Un psychologue, une endocrinologue, une diététicienne…
Je débute un plan alimentaire minuscule, car tout m’effrayait. Une réintroduction progressive de chaque groupe d’aliments, des petits objectifs et défis pour toujours valoriser mes petites victoires, et tout cela sans aucune pression ni de chiffre ni de poids à atteindre. Seul mot d’ordre prendre du plaisir et s’apaiser !
Au fur et à mesure des rendez-vous, le temps passe, le plan s’agrandit et mon sourire aussi.
Je retrouve petit à petit le goût des aliments, le plaisir de partager et de préparer un repas en dressant de jolies assiettes pour me redonner l’envie de manger !
Croyez-moi : pour changer les choses et sortir de ce trouble, il faut agir, bousculer vos habitudes, sortir de ces contraintes qui vous sont rassurantes et de ces idées complètements déraisonnées que met en place votre trouble pour faire marche arrière !
Sachez qu’aucun aliment n’est plus malsain qu’un trouble de l’alimentation.
C’est même votre seule carburant.
Faites-vous plaisir, vivez et vous verrez qu’avec le temps et beaucoup de détermination dans votre combat, le trouble s’estompera pour laisser place à la sérénité, l’apaisement, le sourire sur vos joues colorées, de l’énergie, des heures à vous allonger ou vous assoir sans avoir mal aux os des fesses, vos règles, une peau rayonnante… et tellement de bonheur encore !
Alors ne réfléchissez plus, on ne gagne vraiment rien à rester dans ces habitudes.
Je conçois que ce soit difficile et effrayant, certes mais ça en vaut la peine.
Demandez de l’aide et ne restez pas seule dans votre quête inlassable de maigreur et de sur contrôle…
Laissez place à votre vie car vous êtes une belle personne et non pas une maladie !
Si vous aussi vous souhaitez témoigner et aider les autres, c’est par ici
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